L’action de la société canadienne Aurinia Pharma, cotée au Nasdaq américain, s’est effondrée de 55% lundi, pour clôturer quasiment au plus bas de l’année à 1,81 dollar, à l’annonce des résultats d’un essai de phase 2b dans la néphropathie lupique. Bien que le principal critère de l’essai AURA-LV ait été atteint, soit un taux de rémission complète significativement supérieur chez les patients recevant la voclosporine par rapport au traitement de référence, les investisseurs ont surtout retenu un nombre d’effets secondaires graves (SAE) plus important. Douze décès ont en effet été recensés dans les bras actifs, contre un seul décès dans le bras contrôle.
La voclosporine étant le seul actif en clinique d’Aurinia (société issue de la fusion Aurinia-IsoTechnika en 2013), ces résultats en matière de safety ont en effet de quoi inquiéter les actionnaires dans l’absolu, même s’il faut préciser que les décès sont survenus dans des pays tels que le Bangladesh, Sri Lanka ou la Russia, et chez des patients déjà extrêmement malades. Les investigateurs d’Aurinia précisent que ces décès sont à rapprocher de la maladie elle-même, et non du traitement.
La néphropathie lupique, ou atteinte des reins provoquées par la lupus, est en effet une des plus sévères complications du lupus systémique. Concernant 30 à 50% des patients, elle pèse de façon très défavorable sur le pronostic fonctionnel et même vital des patients. En effet dans un cas sur dix, la néphropathie lupique conduit à une insuffisance rénale terminale.
Généralement, la néphropathie lupique est traitée au moyen d’immuno-suppresseurs (éventuellement précédés d’une chimiothérapie avec la cyclophosphamide). La voclosporine est nouvel immuno-supresseur du type inhibiteur de la calcineurine, présentant selon Aurinia un meilleur rapport efficacité/sécurité que les inhibiteurs de la cacineurine habituels (cyclosporine et tacrolimus), qui composent l’essentiel du marché des traitements de la néphropathie lupique à ce jour.
En tout état de cause, la molécule dévelopée par Aurinia n’entre pas en concurrence avec les traitements du lupus « systémtique » (LED) puisqu’elle vise seulement des personnes touchées par une néphrite fortement active. Mais quoi qu’il en soit, les résultats d’AURA-LV montrent bien toute la difficulté à trouver l’équilibre entre immuno-suppression (pour contrecarrer l’activité de la maladie) et maintien d’une certaine protection (pour éviter les affections opportunistes). Dans ce cadre, le mécanisme d’action de l’IFNα-Kinoïde apparaît prometteur en tant qu’immuno-thérapie active -et sélective- (contrairement aux anticorps monoclonaux qu’on pourrait qualifier d’immunothérapie passive).