Les rachats de Biotechs peuvent faire la fortune des acquéreurs. Exemple bien connu, le rachat pour 11,2 Milliards $ de Pharmasset par Gilead. Cependant, toutes les transactions ne résistent pas à l’épreuve du temps.
Les rachats de Biotechs Large caps ont fortement progressé ces 5 dernières années
Comme on peut le voir sur ce graphique, qui reprend le nombre de rachats de Biotechs cotées dont la valeur de rachat dépasse les 5 Milliards $ (Large caps’), on observe une progression significative du nombre de rachats de Large caps cotées. Sur la période 2008-2012 (5 années) on a compté en moyenne 3 rachats par an de Large caps cotées. Sur la période 2013-2017 (5 année) ce chiffre a doublé pour passer à 6 rachats par an de Biotechs Large caps cotées. A cours des 6 dernières années, pas moins de 35 Biotechs Large caps cotées ont été rachetées.
Sélection d’ acquisitions de Biotechs payées “chères” en 2017 et 2018:
Parmi les acquisitions de Biotechs payées “chères” en 2018 on compte Juno rachetée par Celgene pour 9,0 Milliards $ (prime boursière de 91%), Bioverativ rachetée par Sanofi pour 11,6 Milliards $ (prime boursière de 64%), Avexis rachetée par Novartis pour 8,7 Milliards $ (prime boursière de 88% ) et Ablynx rachetée par Sanofi pour 4,8 Milliards $ (prime boursière de 123%).
Ajoutons à cela qu’en 2017, 7 sociétés cotées en bourse se sont faites rachetées pour plus de 4 Milliards $ : Ariad, Actelion, Alere, Bard, Patheon, Kite, et Advanced Accelerator Applications.
Toute la question est de savoir si ces sociétés payées à vil prix délivreront tel qu’attendu ? Car pas loin de la moitié des grosses acquisitions de 2015-2016 ont quelque peu déçu par la suite. Comme beaucoup d’investisseurs le savent, le monde de la Biotech n’est pas sans risque.
Certaines biotechs payées très chères n’ont pas autant délivré qu’espéré
Sélection d’acquisitions “décevantes” de Biotechs en 2015 et 2016:
–Stemcentrx rachetée par AbbVie pour 5,8 Milliards $ (société privée): échec clinique annoncé post rachat.. les peak sales étaient de 5 Milliards $
–Synageva rachetée par Alexion pour 8,4 Milliards $ (prime boursière de 136%): le CEO évoquait des Pics de vente de 2 Milliards $.. revus à 200 Millions $
–Receptos rachetée par Celgene pour 7,2 Milliards $ (prime boursière de 59%): refus AMM de la FDA dans l’indication principale (sclérose en plaques)
–Medivation rachetée par Pfizer pour 14 Milliards $ (prime boursière de 120%): ventes du Xtandi (cancer de la prostate) inférieures aux attentes
–Pharmacyclics rachetée par AbbVie pour 21 Milliards $ (prime boursière de 61%): ventes inférieures aux attentes (2,6 Milliards $ vs 7 Milliards $) alors qu’Imbruvica (cancer du sang) voit arriver de la compétition et que les royalties sont partagés avec J&J
Les mauvaises surprises liées à certains de ces rachats ayant fait leur apparition, on pourrait penser que les Pharmas puissent être dissuadées de continuer à payer aussi cher pour des sociétés qui comportent un risque non négligeable.
Pourtant, pas moins de 3 rachats ont encore été réalisés cette année sur des cibles rachetées très chères (plus de 8 Milliards $ pour chacune) qui n’ont pas encore de produit sur le marché (ou peu de ventes). Il faut dire que les Big Pharmas sont assises sur une montagne de Cash, et se heurtent à des pertes de brevets sur certains Blockbusters, ce qui justifie une stratégie d’acquisitions pour alimenter leur pipeline… à n’importe quel prix.