Michel Finance a occupé différents postes de directeur financier et directeur générale dans l’industrie pharmaceutique, aussi bien au sein de grands groupes (Aventis, Sanofi Pasteur) que de sociétés émergentes, en France et à l’international. Il est depuis 2010 Directeur Général de Theradiag, qui a fait son appararition sur Euronext Paris en décembre 2012.
BiotechBourse : Theradiag fait état d’une forte progression (+50%) des revenus au premier trimestre 2016. C’est la première fois que l’entreprise communique en rythme trimestriel, pourquoi ?
Michel Finance, DG de Theradiag : Nous avons décidé de communiquer désormais notre chiffre d’affaires au terme de chaque trimestre. C’est important pour permettre au marché de prendre la mesure de l’accélération de notre croissance. En effet Theradiag aborde aujourd’hui, conformément au plan que nous avions annoncé lors de notre entrée en Bourse fin 2012, une phase d’accélération de sa croissance consécutivement à la mise en place d’une stratégie volontariste pour mettre en avant les produits de diagnostic thérapeutique développés par notre propre R&D.
BiotechBourse : Pouvez-vous nous retracer cette évolution stratégique ?
Michel Finance : Spécialiste des maladies auto-immunes et inflammatoires, Theradiag était à l’origine présent dans le diagnostic pur et plutôt en tant que distributeur. Notre introduction en Bourse nous a permis de financer l’nflexion stratégique consistant à déployer les tests dits de Théranostic développés par nos propres équipes de R&D à Marne-la-Vallée. Ainsi en 2015 nos produits internes ont représenté 65 % de nos ventes, alors qu’ils ne pesaient que 25% il y a cinq ans. Et les ventes du pôle Théranostic, inexistantes au départ, prennent de plus en plus d’importance. Dans le même temps, notre marge a progressé de plus de 15 points.
BiotechBourse : Que recouvre le théranostic concrètement ?
Michel Finance : Il s’agit de solutions de diagnostic appliquées spécifiquement aux biothérapies qui en une douzaine d’années sont devenues une composante essentielle du traitement des maladies auto-immunes et inflammatoires telles que la polyarthrite, la maladie de Crohn, la rétro-colite ulcérative… Le monitoring de ces biothérapies contribue à améliorer l’efficacité du traitement car l’inconvénient de ces molécules, essentiellement des anticorps monoclonaux humanisés, est qu’au bout d’un certain temps le système immunitaire finit par les rejeter. Il est important pour les cliniciens de pouvoir suivre l’apparition de résistance à ces biothérapies afin de pouvoir orienter les soins : soit modifier la dose, soit opter pour une pause thérapeutique, soit changer d’anticorps. En renseignant le clinicien sur l’activité du traitement en cours, le Théranostic permet donc d’améliorer la prise en charge clinique des patients souffrant de pathologies graves et chroniques et en même temps de réaliser d’importantes économies de coûts – en évitant d’administrer pendant plusieurs mois un produit qui en réalité n’a plus d’efficacité. Nous sommes aujourd’hui les seuls à disposer de 11 tests correspondant aux principaux anticorps (aussi bien les best-sellers comme le Remicade que des biothérapies plus récentes comme peu on a développé Stelara de Janssen et Entyvio de Takeda). Notre gamme permet aux praticiens, à partir du même protocole et sur la même machine, d’obtenir une évaluation sur l’ensemble des biothérapies du domaine anti-inflammatoire.
BiotechBourse : Comment s’est déroulé le premier trimestre et quelles sont vos ambitions pour 2016 ?
Michel Finance : Au premier trimestre, le chiffre d’affaires a progressé de 50 %, à 2,2 millions d’euros. Cette progression est due en partie à un effet de base avantageux mais surtout à la forte croissance du pôle Théranostic, puisque les ventes de kits LISA TRACKER ont été multipliées par plus de trois. Cette forte croissance du pôle est due à trois facteurs :
– la croissance organique dans les hôpitaux où les cliniciens monitorent leur patients ;
– l’expansion en Europe, au Canada et en Australie, qui sera bientôt complétée par les ventes de notre partenaires pour les Etats-Unis Miraca Life Sciences puis en Chine via HOB Biotech ;
– et nos accords avec Hospira (Pfizer) et UCB. La stratégie d’Hospira est en effet de vendre son anticorps Inflectra (un générique de Remicade) en incluant le service de monitoring. Ils nous achètent donc directement le kit que nous mettons à disposition des praticiens.
Ce début d’année conforte notre objectif d’une croissance comprise entre 15 et 20 % sur l’ensemble de 2016.
BiotechBourse : Comment devrait évoluer la consommation de trésorerie en fonction de ces ambitions ?
Michel Finance : Theradiag disposait de 3,5 millions d’euros de trésorerie à fin 2015 : nous n’avons pas de besoin de financement particulier car étant donné la croissance anticipée des ventes, le burn-rate sera significativement réduit cette année et sera vraisemblablement proche de zéro en 2017. Donc, hors évènement exceptionnel (par exemple pour saisir des opportunités d’acquisition de nouveaux produits), nous disposons de suffisamment de cash pour revenir à l’équilibre grâce à l’essor de nos revenus. Grâce au repositionnement de la société et à nos récents accords, nous avons solidement établi notre capacité de croissance à court, mais aussi à moyen terme puisque nous pensons être en mesure de commercialiser d’ici 2018 une nouvelle gamme de diagnostics élaborée avec HOB Biotech. Cette gamme sera la plus large en Europe, permettant de diagnostiquer les maladies auto-immunes ainsi que les allergies et assurer le monitoring.