Le spécialiste des traitement des maladies de l’oreille interne Sensorion va pouvoir passer à la preuve de concept sur le SENS-218. Cette molécule, deuxième composé du portefeuille de la société montpélieraine, vient d’effectuer avec succès les essais pharmacocinétiques (phase 1) qui ont démontré “une très bonne tolérance clinique”. Sensorion accomplit ainsi son objectif d’ “au moins deux” programmes en clinique cette année, au côté du SENS-111 (vertiges sévères) bientôt en 2a. Un troisième est par ailleurs proche de passer également aux essais sur l’homme, sous réserve de la sélection d’un candidat potentiel pour le programme SENS-300 (prévention de l’ototoxicité pour les patients en chimiothérapie).
Destiné au traitement des lésions de l’oreille interne, tant d’origine vestibulaire que cochléaire, SENS-218 est une petite molécule antisérotonine qui est déjà commercialisée en Asie mais dans de toutes autres indications. Il s’agit d’un sétron (antagoniste du récepteur 5HT3), classe thérapeutique essentiellement utilisée comme anti-émétique dont Sensorion détient le brevet d’utilisation dans les lésions vestibulaires. À ce stade, l’entreprise n’a pas divulgué de quel sétron en particulier il s’agissait (à notre connaissance, ce n’est pas l’odansétron).
Des données précliniques ont précédemment été présentées lors de grands congrès mondiaux, suggérant une capacité de protection contre la perte auditive aiguë induite par un choc acoustique.
L’étude de phase 1 a été menée en Grande-Bretagne chez 24 volontaires sains avec pour objectif d’évaluer la tolérance du SENS-218 administré en dose unique ainsi que le profil pharmacocinétique de sa forme racémique (contenant deux formes énantiomères qui sont des composés ayant une structure chimique identique mais une configuration dans l’espace différente, en miroir ; deux énantiomères peuvent avoir des activités biologiques différentes).
Cette étude a confirmé la très bonne tolérance clinique du composé à des doses supérieures à celles couramment utilisées en Asie et a également confirmé que son profil pharmacocinétique sur des patients caucasions est semblable à celui rapporté chez les patients asiatiques, ce qui permet d’envisager son développement clinique dans toutes les populations de patients indépendamment de leur origine.
« Les bons résultats obtenus lors de la phase 1 du SENS-218 constituent une étape importante dans le développement de nouveaux médicaments pour traiter les pathologies lésionnelles de l’oreille interne où l’absence de solution thérapeutique est critique. Nous disposons de nouvelles données très importantes pour préparer les prochaines études de preuve de concept chez l’homme et choisir les indications à explorer en priorité. Cette étude nous a également permis de documenter des dérivés énantiomères du SENS-218, pouvant présenter un potentiel très intéressant d’un point de vue clinique et de propriété intellectuelle », a expliqué Pierre Attali, le directeur médical de Sensorion.