Genticel a non seulement communiqué sur les conclusions du DSMB, qui recommande la poursuite de l’étude RHEIA-VAC, mais également sur les résultats initiaux, à mi-parcours de cet essai de phase 2. Or, ces résultats ne font pas apparaître de différence statistiquement significative de la clearance virale après 12 mois entre le groupe traité et le groupe placebo. Il reste possible pour la société toulousaine d’atteindre ce critère de supériorité globale, le principal de l’étude, de façon statistiquement significative, après 18 mois ou 24 mois. Scientifiquement, il existe des bons arguments en ce sens. Mais, qui peut le plus peut le moins, un effet plus tranché aurait bien évidemment été préférable pour Genticel. Le marché risque de réviser la probabilité de succès et le parcours boursier va être suspendu aux résultats à 18 mois, attendus au troisième trimestre.
Comme nous l’écrivions mardi, le DSMB (comité indépendant de suivi de surveillance et de suivi de l’essai) s’est réuni pour examiner les données intérimaires de la phase 2 de GTL001, le vaccin de Genticel contre le papillomavirus humain. “Nous aurons donc vraisemblablement d’ici la fin de la semaine un signal, certes partiel, sur cette étude”, écrivions-nous. Or ce signal est plus détaillé que prévu, mais clairement moins favorable qu’on pouvait l’espérer. Un scénario positif n’est pas pour autant irréalisable, mais il est forcément repoussé de six mois.
En effet, au-delà de l’avis du DSMB, Genticel a publié les premiers résultats à 12 mois, qui étaient attendus au cours du premier semestre mais pas forcément en même temps que l’avis du comité. Malheureusement, le critère principal de clearance virale n’est pas atteint dans la population totale de l’étude. Une différence statistiquement significative est cependant atteinte dans deux sous-groupes prédéfinis, les femmes avec une cytologie normale et celles âgées de moins de 30 ans. L’absence de différence significative dans les autres populations de patientes peut s’expliquer par le fait que la clearance prend, c’est un raisonnement assez intuitif, plus de temps chez les patientes dont l’organisme accuse au départ une charge virale plus forte. D’où le fait que Genticel garde légitimement bon espoir : « L’analyse des données à 12 mois montre une réelle séparation entre les taux de clairance virale dans deux sous-populations clés et justifie la perspective d’obtenir une clairance virale supérieure dans le groupe traité à 18 mois », a déclaré Benedikt Timmerman, le Président du Directoire. « Nous sommes impatients de voir l’évolution de l’essai et d’analyser ces données supplémentaires » a ajouté le dirigeant – les investisseurs ne le seront pas moins mais à court terme, cela ne va rien faire pour améliorer la valorisation du titre.
239 patientes ont été recrutées (dont 232 évaluables pour le critère principal) dans cette étude qui durera donc 24 mois au total visant à évaluer l’efficacité de GTL001 (plus crème à l’imiquimod Aldara) pour éliminer les infections HPV 16 et 18 par rapport au placebo auprès de femmes âgées de 25 à 50 ans avec une cytologie normale (NILM, absence de lésions intra-épithéliales du col de l’uterus), LSIL (cellules malpighiennes atypiques mais de signification encore indéterminée) et ASCUS1 (anomalie des cellules épithéliales), et à l’exclusion des patientes présentant des cytologies CIN grades 1 et 2 (néoplasies cervicales avérées, pour lesquelles les praticiens doivent commencer à envisager des traitements afin d’éviter une transformation en lésions de haut grade puis un cancer, et à qui il n’aurait pas été éthique de proposer à la place une thérapie expérimentale). Notons que les patientes du bras placebo n’étaient pas non plus totalement laissées sans traitement, puisqu’elles appliquaient aussi la crème adjuvante (sans quoi l’étude n’aurait pas été en aveugle). Genticel a communiqué les résultats suivants après une première période de 12 mois :
Critère principal (population globale) | n = 117 | n = 116 | |
57 (48,7%) | 46 (39,7%) | p=0,110 (seuil statistique non atteint) | |
patientes infectées mais avec cytologie normale | n = 32 | n = 30 | |
20 (62,5%) | 12 (38,7%) | P=0,018 | |
patientes de moins de 30 ans | n = 29 | n = 28 | |
17 (58,6%) | 9 (32,1%) | P=0,049 |
Bien que les patientes porteuses du virus mais présentant une cytologie normale ne constituent que 25 % de l’effectif de l’étude, elles représentent plus de 70 % des femmes infectées par HPV 16/18 dans la population générale, selon une étude récente. En outre, ces résultats intérimaires ne contredisent absolument pas les données de la phase 1 qui ne comprenait que des femmes avec une cytologie cervicale normale (NILM) et où une clearance de 74 % avait été constatée dans le groupe actif, contre 47 % dans le groupe placebo, ce après 16,6 mois en moyenne.
En outre, il est établi que le temps nécessaire pour éliminer l’infection est plus long chez les femmes ayant une cytologie cervicale anormale (LSIL, ASCUS et premiers grades de néoplasie) que chez celles présentant une cytologie normale. Il a aussi été montré que des charges virales élevées au départ sont associées avec un délai de clearance plus long. Du fait que les cytologies anormales, qui représentent plus de 70% de la population de l’étude de phase 2 de GTL001 (de façon disproportionnée par rapport à la population générale) sont habituellement associées avec une charge virale plus élevée, on peut s’attendre à ce que la clearance virale prenne plus de temps dans cette population, précise donc Genticel.
Margaret Stanley, conseillère de Genticel, Professeur à l’Université de Cambridge, a souligné qu’une période de latence significative avait été noté aussi avec d’autres thérapies expérimentales ou onco-immunes, comme on l’a vue notamment avec le Provenge (Sipeulucel-T).
Sans être aucunement catastrophique, la publication des données intérimaires n’apporte pas encore à Genticel l’avantage irréfutable qu’aurait constitué un résultat statistiquement significatif. Pour prendre une comparaison footballistique, l’équipe retourne au vestiaire après une première mi-temps marquée par de belles actions mais sans avoir inscrit de but. Tout reste donc à faire, tout reste possible, mais, il faut le souligner, ces résultats restent parfaitement cohérents avec ceux obtenus précédemment. À ce stade, nous maintenons notre position.