Depuis plusieurs années, nous faisons le constat d’un sous-investissement des Biotechs françaises. Alors que la France compte une poignée de Fonds d’investissements dédiés aux Biotechs cotées en bourse pour moins de 100 Millions d’euros investis, soit 1360 fois moins que les 60 plus gros Fonds Biotechs américains.
Précision: les Fonds Biotechs américains sélectionnés sont indépendants et uniquement investis en bourse (hors Private Equity), principalement sur leur marché domestique. Voir méthodologie en bas de publication.
136 Milliards gérés par les 60 plus gros fonds Biotechs américains
Les 60 plus gros Fonds Biotechs américains ont été sur une forte dynamique au cours des dernières années. Désormais, ils gèrent collectivement 136 Milliards de dollars.
Le podium des 3 plus gros fonds Biotechs américains est constitué de 3 fonds qui gères nt plus de 10 Milliards $:
Baker Bros. (23,55 Milliards $)
Orbimed (14,91 Milliards $)
Deerfield (11,45 Milliards $)
Actuellement, la moitié des 60 plus gros fonds Biotechs américains gère plus de 1 Milliard de dollars (31/60).
Le plus gros fond Biotech américain gère à lui seul 235 fois plus que l’ensemble des fonds français spécialisés
Le 10e fond américain gère 31 fois plus que les fonds français spécialisés
Le 20e fond américain gère 20 fois plus que les fonds français spécialisés
Le 30e fond américain gère 11 fois plus que les fonds français spécialisés
Si tous ces Fonds sont indépendants, on constate par ailleurs l’émergence de véritables poids lourds qui ont procédé à des levées significatives ces derniers mois et ces dernières années. Est-ce inenvisageable un jour pour des Fonds français ?
Une chose est sûre, ces fonds disposent d’une force de frappe significative qui participe aux efforts de R&D. Il y a évidemment un lien direct entre cette capacité et les investissements réalisés sous forme d’IPO et d’augmentations de capital qui sont la manifestation de leur participation à cet écosystème. En finançant la recherche et le développement, tout simplement.
Un secteur utile et performant
Les choses peuvent donc aller très vite… aux Etats-Unis. Est-ce à dire que c’est impossible en France ? Une chose est certaine, cela n’a jamais été tenté. Par manque de volonté ou pour des milliers de raisons.
En marge de ce décalage, force est de constater que le capital de nombreuses sociétés cotées françaises ne cesse de s’ouvrir à des investisseurs américains, accélérant de fait une sorte de perte de « souveraineté sanitaire ».
Conclusion : la France doit AGIR
Est-il possible de se satisfaire d’une telle situation pour la France ? Je ne souhaite pas parler de ce qui nous a manqué ces dernières années pour ne pas lancer de nouveaux Fonds. Nous trouverons 1000 raisons pour expliquer ce retard. Mais aujourd’hui nous avons deux possibilités.
-Il est possible de ne rien faire. Et de laisser la situation en l’état. Conserver nos Fonds 5000 fois investis que les 50 Fonds américains. Ce qui revient à acter définitivement le fait que la Biotech et la bourse ne sont pas compatibles. Et que pour le coup cela soit trop sophistiqué pour notre nation. Ce qui revient, dans ce cas, à abdiquer totalement et nous laisser à jamais distancés par les Etats-Unis (sans parler des chinois, voir cette étude du Fondapol de Février 2020 sur le sujet).
-Soit nous agissons, avec une attitude volontariste, pour mettre en place des structures ambitieuses qui puissent être capable de soutenir significativement l’écosystème Biotech et Medtech national. Pour parvenir à ce qui nous manque cruellement: aider à l’émergence de Champions nationaux, et à soutenir des filières innovantes en mal d’accès aux financements.
Nous sommes déterminés à y participer. Cela fait maintenant 12 mois que nous cherchons activement à faire aboutir notre projet de création d’un nouveau Fonds Biotech basé en France. A ce jour, rien n’est fait malgré notre Track record positif de +10% par an sur 5 ans dans un environnement boursier français délicat. Nous ferons tout pour y prendre une part active à ce type d’initiative. Espérons que nous serons encouragés et que d’autres initiatives suivront.
Méthodologie
Dans notre publication, nous avons considéré uniquement les 60 plus gros Fonds américains indépendants (hors Fidelity etc.) sur la base des Rapports trimestriels déposés à la SEC. Pour les Fonds américains et français, nous avons sélectionné uniquement les Fonds investis à plus de 50% sur les Biotechs cotées en bourse.