Les biotechs françaises perdent en moyenne 55% par rapport à leur Pic de février 2021. Une baisse historique, qui ne s’est produite que 4 fois en 20 ans. Dans cette Note, nous avons étudié les marchés baissiers des Biotechs françaises que nous avons comparé à celui de 2022, pour essayer d’anticiper la suite. Mais aussi, nous essayons d’apporter les clés de compréhension de cette situation sur le plan de la psychologie de marché et des investisseurs en fin de publication…
En premier lieu, il faut savoir qu’un Bear market est caractérisé par une baisse de plus de 20% d’un indice par rapport à son précédent plus haut.
Sur le Graphique ci-dessous, nous avons comparé l’évolution des 4 Bear market des Biotechs françaises depuis 2005.
Les Bear market des Biotechs françaises, depuis 2005 (en base 100 au début du Bear market) :
Voici ce que nous pouvons retenir de ce Graphique:
Les Bear Market Biotechs ont perdu entre 59 et 65% :
-62,5% pour le Bear market du 18/12/06 au 28/10/08
-58,7% pour le Bear market du au 23/09/09 au 19/12/11
-65,4% pour le Bear market du 06/08/15 au 16/03/20
Le Bear Market Biotech moyen a perdu 62,2% (pour une médiane de -58,7%). Lorsqu’on compare le Bear Market Biotech actuel, celui-ci a perdu 54,6%. Ce qui nous fait dire, que si nous nous en tenons aux statistiques :
Qu’en terme d’intensité de la baisse, il resterait environ 8 points à perdre par rapport à la moyenne et environ 4 points par rapport à la médiane. Et si on se réfère aux extrêmes de -59 et -65%, il nous resterait entre 5 et 10 points à perdre.
Les Bear Market Biotechs ont duré entre 487 et 1187 séances :
487 séances pour le Bear market du 18/12/06 au 28/10/08
580 séances pour le Bear market du 23/09/09 au 19/12/11
1187 séances pour le Bear market du 06/08/15 au 16/03/20
Le Bear Market Biotech moyen a duré 751 séances (pour une médiane de 580 séances). Pour sa part, le Bear Market Biotech actuel a commencé il y a 377 séances. Ce qui revient à dire :
Qu’en terme de durée, il nous resterait environ 380 séances par rapport à la moyenne et environ 200 séances par rapport à la médiane. Et si on se réfère aux extrêmes de 487 et 1187 séances, il nous resterait entre 110 et 810 séances.
Sur le Graphique ci-dessous, nous avons comparé l’évolution du Bear market Biotech de 2021-2022 (en bleu sur le graphique) à la moyenne des 3 précédents Bear markets Biotechs depuis 2005 (en pointillées rouge).
Le Bear market de 2021-2022 vs moyenne des Bear markets depuis 2005 (en base 100 au début du Bear market) :
Comme nous pouvons le voir, le Bear market Biotech actuel ressemble fortement à la moyenne des 3 Bear market Biotech précédents.
Voici le comportement résumé d’un Bear market Biotech “classique” :
–il perd 25% dans les 100 séances qui ont suivi le Pic précédent
–il perd 50% dans les 600 séances qui ont suivi le Pic précédent
–il perd 60% dans les 900 séances qui ont suivi le Pic précédent
Il est difficile de savoir quand se terminera le Bear market Biotech actuel. Tout au plus, nous savons que le moins douloureux des Bear markets Biotechs a jusqu’ici perdu 59% en 580 séances. Pour le moment, nous en sommes à une baisse de 55% sur environ 380 séances.
Voici nos projections pour le Bear Market actuel :
Sur le graphique ci-dessus, nous avons comparé le Bear Market actuel (courbe en Bleu) avec les projections basées sur la performance des 3 précédents Bear markets après 380 séances (courbe en rouge), sur 600 séances. Le graphique [4] reprend la moyenne des 3 Bear Market précédents (courbe en rouge), sur 600 séances.
Des scénarios plutôt pessimistes : Que nous dit la Psychologie de marché ? Pourquoi les Bear Markets durent-ils aussi longtemps ?
On sait tous en bourse qu’ après l’euphorie s’ensuit la dépression. L’euphorie sur le marché biotech français a porté le secteur en 2020-2021, lui faisant prendre 349% en moyenne. S’en est suivi la période dépression et une baisse de 55% en moyenne (après les “espoirs”, le retour à la “réalité”). Autant dire qu’après l’euphorie l’atterrissage est rude, à chaque fois. Et 2021-2022 ne fait pas exception comme nous avons pu le démontrer dans cette note.
Après une telle baisse ayant abouti à l’épuisement de nombreux investisseurs, certains pourraient arguer que nous sommes par définition proche de la fin de la tendance baissière. Pour autant, le timing paraît difficile à établir… et il pourrait se passer encore quelques mois avant que les acheteurs ne puissent contrôler le marché. Essayons de nous expliquer et d’aborder des concepts de base, psychologiques.
En premier lieu, il faut rappeler que d’après les données que nous avons compilé, un Bear Market Biotech dure 751 jours en moyenne et qu’un Bull Market Biotech dure 297 jours en moyenne – soit 2,5 fois plus longtemps. En fait, tout est question de perception de la part des investisseurs. Et qu’on le veuille ou non, l’humain est davantage porté vers l’exubérance irrationnelle sur le positif que sur le négatif. Et c’est justement cette intensité liée à l’euphorie qui peut causer des dégâts par la suite.
La seule confirmation d’un changement de perception positif intervient avec l’arrivée de nouvelles mains, pour venir à bout des vendeurs et les épuiser pour parvenir à l’état de capitulation. Toute la question, à partir de maintenant, sera de savoir si les acheteurs reprendront la main par des achats à bon compte et si cela suffira. Inévitablement, ceci passera par un retour des volumes de négociations (qui ont atteint cet été un plus bas depuis 2013) – les volumes seront certainement l’indicateur clé qu’il faudra suivre au cours des prochaines semaines.
Cette éventuelle Phase de capitulation à venir pourrait, sans garantie, jouer un rôle de catalyseur et offrir une impulsion à une nouvelle dynamique. A valider, au grès des annonces qui seront faites lors des prochaines semaines car le secteur aura également besoin de bonnes nouvelles et de peu de déceptions. Tôt ou tard, le fondamental reprendra ces droits. En attendant, les investisseurs sont certes intéressés par le Newsflow des sociétés, et par les niveaux historiquement “bas”. Mais cela n’est pas suffisant pour le moment.
En théorie, il reste donc encore de nombreuses séances compliquées pour le secteur Biotech. Et ceci n’est pas forcément lié au fondamental des sociétés, mais plutôt à la psychologie de marché et des investisseurs avec le triptyque “épuisement de tendance / capitulation / nouvelles mains”. Enfin, par définition, la suite dépendra évidemment du comportement des indices boursiers, dépendants de l’activité économique mais aussi des tensions géopolitiques qui règnent en ce moment. Ce qui peut davantage compliquer la lecture de la situation à venir pour les Biotechs, et peut rendre notre modélisation aléatoire.
En tout état de cause, il faudra donc que les investisseurs soient précautionneux, disciplinés et sélectifs dans l’environnement actuel.