La valorisation des Biotechs Françaises a rarement été aussi attractive. Les discounts observés à l’heure actuelle plaident pour une éventuelle revalorisation sectorielle.
La valorisation totale des biotechs françaises est au plus bas depuis début 2015
Sur ce Graphique, on peut voir l’évolution journalière de la valorisation totale des Biotechs françaises. Après avoir atteint un plus haut le 20 Juillet 2015 à 9,0 Milliards EUR, la valorisation est tombée à 5,2 Milliards EUR fin Octobre qui correspond précisément à la valorisation de début 2015 et de Février 2016. Pourtant, il y a deux détails importants.
Le premier détail vient du fait que 23 biotechs étaient cotées en 2015, et 29 en 2016. Alors que désormais, en 2018, il y a 36 biotechs cotées (en diagnostic et thérapeutique) soit environ 60% de biotechs cotées en plus par rapport à 2015, et 25% de plus par rapport à 2016. Si bien que les valorisations moyennes n’ont plus rien à voir avec ce qu’on a pu observer ces dernières années (voir plus bas).
Des levées de Cash significatives au cours des deux dernières années
Le deuxième détail, et il est de taille, concerne l’avancée des pipelines des sociétés biotechs cotées en bourse. Ces deux dernières années, pas moins de 1,6 Milliards d’euros de capitaux ont été levés en bourse par les biotechs tricolores (IPOs, Augmentations de capital et Partenariats). Ces moyens leur ont permis d’avancer considérablement dans leurs projets en développement. Avec ces levées significatives (réalisées à 45% en Non dilutif), leur pipeline s’est étoffé, avec plus de produits en clinique.
Un pipeline renforcé en stade de maturité avancé
Désormais, 2 sociétés disposent de produits commercialisés aux Etats-Unis, le plus gros marché du médicament. A l’heure actuelle, pas moins de 10 sociétés sont en Phase 3 – dernière étape avant la commercialisation. Enfin, 5 biotechs tricolores sont proche de la commercialisation avec une Phase 3 réussie et un dépôt de dossier auprès des agences réglementaires.
A ce jour, pas moins de 27 sociétés biotechs françaises sont en stade de développement dit “avancé” (càd en ‘mid stage‘ ou en ‘late stage‘ : 10 sociétés sont en Phase 3 et 17 sont en Phase 2). Jamais un tel stade de maturité n’a été constaté.
Aussi, plus de la moitié des biotechs françaises (17 au total) ont noué des accords de partenariats avec des industriels, ce qui valide d’une certaine manière leur approche scientifique avec un potentiel commercial à la clé – à noter que 11 partenariats ont été annoncés ces 20 derniers mois, totalisant des versements déjà effectués (‘Upfronts‘) de quelques 347 Millions EUR.
La valorisation Médiane des biotechs françaises est au plus bas des 8 dernières années
Les metrics conventionnelles de valorisation sont difficiles à appliquer aux Biotechs (elles ne réalisent que peu ou pas de C.A. et accusent des pertes). Un moyen non conventionnel consiste à utiliser le cash et la market cap.
Ce graphique représente l’évolution de la valorisation boursière Médiane d’une biotech française (lissé en mensuel). Sur la base de la valorisation boursière médiane depuis 2011, on constate un ‘discount‘ : la Mket cap. médiane actuelle est de 59 Millions EUR, contre 103 Millions EUR en moyenne sur la période 2011-2017. Pour autant, cette valeur peut-elle être considérée comme étant “attractive” ? Abordons la partie Trésorerie, qui nous éclairera sur le sujet.
Le pipeline d’une biotech française n’est valorisé que 40 Millions EUR, au plus bas sur 6 ans
La VE (valeur d’entreprise) est la valorisation boursière à laquelle on retire le Cash, ce qui revient à ‘pricer‘ le pipeline d’une biotech. En ce moment, les biotechs françaises cumulent 1,63 Milliards EUR de cash (comme point de comparaison, ce chiffre est deux fois plus élevé que les 808 Millions EUR de 2014). Si bien que la VE atteint un plus bas depuis 2011 (voir Graphique).
En l’espace de 9 mois, la VE Médiane des biotechs tricolores a été divisée par deux à 40 Millions EUR en Novembre 2018 vs 80 Millions EUR en Février 2018. La médiane observée en 2011-2013 oscillait entre 40 et 100 Millions EUR, contre 45 à 190 Millions EUR entre 2014 et 2015 , et 65-110 Millions EUR entre 2016 et 2017.
Entre 2011 et 2017, la VE médiane a été de 84 Millions EUR (max. de 190 Millions EUR en Mars 2015, min. de 35 Millions EUR en Décembre 2011) ce qui revient à dire que les investisseurs paient actuellement deux fois moins les projets cliniques des biotechs françaises par rapport à ce qui a observé lors des 7 années précédentes (et presque 5 fois moins par rapport au Pic de 2015).
Le Cash représente à lui seul 30% de la valorisation d’une biotech française, au plus haut sur 6 ans
Par définition, plus le ratio est élevé et plus les valorisations sont attractives. La moyenne sur la période 2011-2018 est de 20%, contre 30% actuellement soit le ratio le plus élevé depuis début 2013. Comme point de comparaison, ce ratio était de 20-40% en 2011-2013, de 10-20% en 2014-2017 (max. de 44.6% en Décembre 2011, min. de 7.5% en Février 2014).
Ces derniers mois, certaines sociétés ont même été valorisées moins que leur Cash, comme Erytech ou encore Gensight, ce qui témoignait d’une nervosité excessive de la part des investisseurs (ces deux sociétés étant en Phase 3).
Une baisse excessive ?
Ce Graphique reprend l’évolution moyenne en équipondéré pour chacun des Bear Markets sur les Biotechs françaises depuis 2005, hors IPOs. On remarque que l‘évolution moyenne a été proche de -65% pour chacun des Bear Markets, hors IPOs. La moyenne du Bear Market actuel était de -68% fin Octobre soit un niveau similaire à celui du pire Bear Market (celui de 2007-2008).
Des annonces positives en 2018
Comme on le sait, les Biotechs réagissent beaucoup aux annonces liées aux résultats cliniques, aux annonces réglementaires et aux partenariats. Dans le graphique qui suit, nous retrouvons la performance ‘YTD‘ des biotechs françaises en 2017 et en 2018 ainsi que les principales annonces effectuées sur les périodes.
En 2017, moins de la moitié des annonces ont été positives (14/29 soit un taux de 48%). Les 14 annonces positives ont connu un impact moyen de +36.8% le jour de l’annonce (-31.0% en moyenne pour les 15 annonces négatives).
En 2018, le ratio d’annonces positives est bien plus significatif : 21/30 soit un taux de 70%. L’impact moyen est cependant moins avantageux : +28,1% en moyenne le jour de l’annonce pour les 21 annonces positives (-32,9% en moyenne pour les 9 annonces négatives).
Sur ce graphique, on remarque que le ratio des annonces positives des biotechs françaises a été supérieur à 50% sur 12 des 13 derniers mois. Pour autant, la baisse (n moyenne sur les 36 biotechs françaises) l’a emportée sur 8 des 13 derniers mois.
En définitive, ce qui manque au secteur est un changement de perception de la part des investisseurs avec le retour de la prise en considération du fondamental sur le secteur biotech en France.