Genfit fait les frais de rumeurs de rachat actuellement.. Or, il a été démontré que dans l’extrême majorité des cas les rumeurs de rachat sont complètement fausses ! Selon Bloomberg, les investisseurs qui décident d’aller à l’encontre de ces rumeurs et qui short la valeur auraient même engranger un profit de 14% en moyenne.
La rumeur sur Genfit
Les rumeurs de rachats consistent à présenter une société cotée comme une aubaine, car elle pourrait faire l’objet d’une OPA par un concurrent. S’ensuit la création d’ une demande artificielle, qui provoque une montée du cours.. basée sur du vent!
Bien souvent, les rumeurs de marché ne sont rien d’autre qu’un piège tendu aux investisseurs: un professionnel de la Finance (analyste/trader/gérant..) ou un puissant actionnaire cherche à liquider sa position, refourguer ses titres ou animer ses compteurs (via les ‘fees’ commissions) en drainant du volume. Certains fonds (de type Arbitrage) se sont même spécialisés dans ce qu’on appelle une gestion en « Event Driven ». C’est en fait un type de stratégie qui vise à profiter des opportunités de marché (Fusions-Acquisitions, retrait de la côte..) ou de certaines anomalies. Dans tous les cas, en Finance comme ailleurs, une rumeur n’arrive jamais par hasard.
La rumeur qui a entouré Genfit fin Février lui a été très profitable : le titre s’est ainsi apprécié de 26% entre le 26/02 et le 05/03. Selon des informations non sourcées qui émanent de Bloomberg, un intérêt émanerait de la part de Sanofi, Novartis ou Shire. Depuis son plus haut du 5 Mars dernier, le cours de Genfit a perdu 16,5% (en 2 séances). Il y avait déjà eu un cas similaire, il y a 5 ans.
En effet, le 20 Septembre 2010, une rumeur véhiculée par le Financial Times faisait état d’un possible rachat de Genfit par la biopharma japonaise Takeda qui « lorgnerait Genfit ». Genfit passait alors d’un cours de 5,8 € à 6,7 € (+15% en 1 séance dans de très forts volumes). Avant de revenir proche de son cours initial dans les séances qui suivaient. Mais, après tout, ce type de comportement boursier n’est pas étonnant.
Etude Bloomberg (2011) : 85% des rumeurs de Rachat sont FAUSSES !
Une étude de Bloomberg parue en 2011 (Lien ICI) a montré que seulement 14,5% des rumeurs de rachats étaient avérées. Les investisseurs qui choisissent de profiter de ce genre d’événements en sont donc pour leurs frais. Ils s’aventurent souvent par mégarde, avec le risque de se retrouver avec la patate chaude…
Entre 2005 et 2010, les courtiers et les journaux financiers ont rapporté au moins 1875 rumeurs de rachats potentiels portant sur 717 sociétés cotées, selon les données compilées par Bloomberg. Au final, seulement 104 de ces 717 sociétés (soit 14,5 % d’entre elles) se sont faites racheter.
En général, la spéculation fait monter le cours des sociétés qui sont la cible d’une “éventuelle” ou “probable” OPA : un bond de 2,9 % en moyenne est ainsi constaté. Cependant, Bloomberg indique que la baisse moyenne observée lors du jour, de la semaine et du mois d’après est de respectivement -0,2%, -0,6% et -1,2%. Sur les mêmes périodes, le S & P 500 a progressé de 0,03 %, 0,2 % et 0,5 % ce qui démontre une nette sous performance des sociétés qui sont la cible de ce genre de rumeurs. L’étude de Bloomberg ajoute par ailleurs que dans l’année qui suit, un investisseur qui mise sur la baisse des titres (short) une fausse rumeur de rachat a réalisé un gain moyen de 14%.
En définitive, les rumeurs de marché permettent bien souvent aux professionnels de toucher de juteuses commissions. Si en plus les média s’y mettent, alors la machine de propagande est en marche… jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que ce n’était que du vent. Comme le signalait David Sterman, éditorialiste de StreetAuthority (Lien ici) :
« si les rumeurs viennent des salles de marché de Wall Street, les investisseurs feraient mieux de vendre le plus rapidement possible, car ces événements finissent rarement par se matérialiser ».
Aux vues de l’étude publiée par Bloomberg, on lui donnera entièrement raison. Mieux vaut donc prendre un maximum de précautions lorsqu’on assiste à une rumeur d’OPA.