Des ventes lilliputiennes, de nouveaux licenciements et un cours de Bourse au plus bas depuis plus de trois ans : un tableau sans équivoque pour MannKind. Le groupe californien fondé par Alfred Mann, pourtant multi-entrepreneur à succès, semble très loin de son ambition de percer sur le marché des traitements du diabète avec son insuline à inhaler. Certes, Sanofi a acquis la licence de ce médicament, Afrezza, mais le groupe français, un des trois poids-lourds mondiaux du diabète, pourrait se tourner vers d’autres partenaires afin de trouver des relais de croissance.
Selon le quotidien du Connecticut The News-Times, MannKind Corporation a procédé récemment à de nouveaux licenciements, soit la troisième vague de départs depuis le début de 2015. Une information qu’a confirmé le directeur financier Matt Pfeffer, reconnaissant que l’entreprise était amenée à ajuster ses effectifs par rapport à la tendance des ventes de son principal produit, Afrezza, qui ne se révèlent pas répondre aux attentes.
C’est peu de le dire puisque Sanofi a fait état au titre du premier semestre de 3 millions d’euros de ventes (entre le lancement en février et le 30 juin). En fait, le démarrage commercial est totalement désastreux puisque, relève Adam Feuerstein dans The Street, en termes de nombre d’ordonnances Afrezza fait encore pire que l’Exubera de Pfizer – un échec retentissant, dont la commercialisation fut abandonnée au bout d’un an :
Le groupe français sait pertinemment qu’il a fort à faire pour défendre sa position dans le diabète tandis que le principal brevet de son best-seller est maintenant remis en cause. En principe, la première procédure engagée aux USA face aux candidats génériqueurs de son insuline basale Lantus devrait tenir les copies à l’écart du marché américain jusqu’en juin 2016. En revanche un biosimilaire a été lancé dès cet été en Europe de l’Est. La pression est là et les payeurs, le sachant, exigent des remises de plus en plus importantes. Du coup, au premier semestre 2015, le chiffre d’affaires a diminué de plus de 5 %.
L’espoir s’ammenuise pour MannKind
On voit mal désormais comment Afrezza pourrait “inverser la courbe” et accéder au succès qui échappe jusqu’ici à tout projet d’insuline inhalée – une voie d’administion séduisante sur le papier mais en pratique entachée d’effets secondaires. Les investisseurs ne s’y trompent pas et s’écartent logiquement du titre MannKind.
Il apparaît de plus en plus probable que Sanofi laisse s’abattre le couperet sur Afrezza. Par un hasard de l’histoire, l’actuel PDG Olivier Brandicourt était à l’époque d’Exubera un des principaux cadres dirigeants chez Pfizer, en charge de la médecine générale. C’est lui qui avait décidé de stopper un produit manifestement voué à l’échec plutôt que de s’apesantir en invoquant les sommes et le temps consacrés à son développement. Et aujourd’hui, dans le cas du produit de MannKind l’enjeu est beaucoup moins important puisque Sanofi n’a versé que 150 millions de dollars d’upfront (seulement 16 % du montant théorique total du deal avec les milestones).
Comme nous l’indiquions dès février, face à un produit aussi décrié qu’Afrezza, l’insuline d’Adocia pourrait se révéler une bien meilleure solution pour Sanofi afin de regarnir sa franchise dans le diabète. Adocia demeure à nos yeux en position de force pour signer un nouveau deal après celui conclu avec Lilly.
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