Nous avons souhaité apporter un éclairage supplémentaire sur la valorisation actuelle du secteur biotech par l’angle de l’analyse technique et graphique. Pour cela, nous avons fait appel à Jean-Charles Gand. Longtemps responsable de l’AT chez Société Générale, c’est l’un des meilleurs spécialistes français du domaine. M. Gand est aujourd’hui stratégiste des marchés senior chez BBSP, un bureau de recherche indépendant en analyse technique récompensé à plusieurs reprises par The Technical Analyst, la revue de référence, et qui fête cette année son 25e anniversaire. Un gage de pérennité et de sérieux dans un domaine où abondent les pseudo-analystes.
BiotechBourse : Faut-il considérer que le secteur américain de la biotech est suracheté ?
Jean-Charles Gand, BBSP : Du strict point de vue des indicateurs mathématiques couramment utilisés par les analystes techniques, le secteur n’évolue plus en territoire de surachat, comme le montre la lecture de graphiques en données quotidienne et hebdomadaire. En cela, la récente correction est vertueuse puisqu’elle va permettre la poursuite de la détente de ces indicateurs et ouvrir à terme de nouvelles opportunités d’achat.
Quels sont les scénarios au niveau atteint désormais ?
Jean-Charles Gand : L’indice Nasdaq Biotechnology index (NBI) –et également le NYSE Biotechnology (BTK)- ont entamé une correction à partir du pic atteint le 20 mars dernier. Une première correction de l’ordre de 10% a précédé une reprise temporaire, insuffisante pour enregistrer de nouveaux plus hauts. Une rechute a suivi et celle-ci s’inscrit donc dans un processus correction amorcé le 20 mars.
Cette séquence ouvre la possibilité d’une formation graphique en double sommet, potentiellement baissière. Celle-ci sera validée sur enfoncement clair des niveaux de support situés sur 3500 points pour le NBI (cours à la date de l’interview : 3608) et 3841 pour le BTK (cours à la date de l’interview : 3878).
Pour résumer, une correction est en cours, approchant de seuils critiques sous lesquels une baisse de l’ordre de 10 % serait tout à fait envisageable. Dans tous les cas, le market timing des opérations ne décèle pas d’opportunité d’achat actuellement.
Comment interprétez-vous l’évolution du sous-segment Nasdaq Biotech vis-à-vis du Nasdaq en général ?
Jean-Charles Gand : Au cours des derniers jours, le segment biotech a clairement sous-performé face au Nasdaq. Au stade actuel, ce mouvement n’est pas inédit. À titre de comparaison, la forte sous-performance enregistrée entre le 19 et 23 décembre est semblable à ce que l’on voit aujourd’hui. On assiste à un classique retour en direction de la moyenne long-terme reflétant la tendance de la biotech à sur-performer. En d’autres termes, le marché corrige pour l’heure un excès d’optimisme.
De son côté le secteur européen de la biotech a bénéficié d’un rattrapage, ce mouvement peut-il se poursuivre ?
Jean-Charles Gand : Je ne pense pas que le secteur dans la zone européenne puisse rester insensible aux variations observées aux Etats-Unis. On l’a vu, le NYSE Biotechnology Index a tout de suite suivi la correction qui a commencé aux USA.