Acticor Biotech prépare son entrée en bourse sur Euronext Growth. Il s’agit de la quatrième société de Biotechnologie à s’introduire en bourse sur Paris en 2021. L’occasion de nous entretenir avec Gilles Avenard, le fondateur et Directeur Général de la société.
Acticor est une société de Biotechnologie créée en 2013 qui développe un médicament pour le traitement de différentes maladies cardio-vasculaires. Pouvez-vous nous en dire davantage sur le programme le plus avancé dans l’AVC et pour lequel vous prévoyez de publier des données à brève échéance ?
Gilles Avenard : Notre programme principal est développé dans l’AVC ischémique, c’est-à-dire l’obstruction d’une artère cérébrale par un caillot ou un thrombus. Dans cette indication, nous avons réalisé une première étude de 160 patients (étude ACTIMIS) avec notre produit glenzocimab. Les derniers patients ont été inclus au mois de Juin 2021. Le critère principal de l’étude est la tolérance. Et grâce à la pharmacovigilance qui a été suivie tout au long de cet essai , nous sommes très confiants sur la tolérance du produit. Même si les résultats sont attendus pour début 2022, d’ores et déjà nous sommes non seulement rassurés mais très confiants sur sur cette tolérance et notamment l’absence de risque d’hémorragie intra-cérébrale qui est le principal sujet dans les accidents vasculaires cérébraux.
C’est cette confiance qui nous a permis de demander à différentes agences européennes de démarrer un essai de Phase 2/3 (un essai d’enregistrement) avec comme objectif principal l’efficacité. Nous avons déjà reçu l’autorisation de la France, de l’Allemagne et les premiers patients sont entrain d’être inclus dans cet essai. Notre objectif est d’avoir un traitement qui soit en combinaison avec la prise en charge standard des AVC à savoir la thrombolyse et éventuellement la thrombectomie.
- Vous développez également un programme dans le traitement de la COVID-19. Là encore, des résultats cliniques seront annoncés très prochainement. Quel est le rationnel de votre approche et que cherchez-vous à démontrer dans cette indication et à quel horizon ?
Gilles Avenard : En Mars 2020, nous nous sommes aperçus que les patients sévères atteints de la COVID-19 avaient non seulement une fibrose pulmonaire mais également des problèmes thrombotiques avec soi des AVC, soi des micro-thromboses au niveau des vaisseaux. Et ceci nous a amené à nous poser la question du rôle des plaquettes dans les formes sévères du COVID-19 car on sait que les plaquettes sont chargées de facteurs de croissance et que la fibrose peut être induite par ces facteurs de croissance.
En lien avec des experts internationaux, nous nous sommes demandé si le fait d’inhiber notre cible (HP6) ne pourrait pas être bénéfique pour ces patients. Donc nous y sommes allés de façon très exploratoire. Aujourd’hui, notre objectif n’est pas de poursuivre par nous-mêmes ce programme mais vraiment d’avoir une vision scientifique et médicale du rôle des plaquettes et du rôle de l’ HP6 chez ces patients.
Nous avons donc mené un essai de 60 patients au Brésil et en France. Nous attendons les résultats de l’étude avant la fin de cette année ou au début du premier trimestre 2022. Notre objectif n’est pas forcément d’aller plus loin touts seul dans cette pathologie, car nul ne peut prédire ce que va devenir l’épidémie, et donc de nous associer soit à un groupe pharmaceutique ou soit en obtenant des financements d’un état pour assurer la suite de ce programme. En aucun cas nous ne le financerons par des investisseurs privés.
- Pouvez-vous nous présenter le reste de votre portefeuille de produits en développement (pipeline), et quelles sont les prochaines échéances attendues ?
Gilles Avenard : Concernant le reste de notre portefeuille, nous souhaitons commencer un essai en 2022 dans l’embolie pulmonaire, une pathologie fréquente traitée avec de l’Héparine qui est un anti-coagulant permettant d’éviter les récidives mais il ne permet pas de viser les caillots dans les artères pulmonaires et donc certains patients gardent des séquelles durant plusieurs semaines voir plusieurs mois après une embolie pulmonaire, et sans qu’on puis véritablement les traiter. Là encore, comme dans l’AVC, notre objectif est d’améliorer la prise en charge avec notre produit.
Un autre programme vise l’infarctus du myocarde, pour lequel nous avons prévu de démarrer un essai début 2022 en Angleterre à Sheffield et à Birmingham avec des équipes qui sont non seulement spécialisées dans la cible mais également dans l’infarctus du myocarde et notre traitement pourrait être utilisé de manière précoce c’est-à-dire dans la phase de pré-hospitalisation. Cet essai sera sponsorisé par le NHS (système de santé anglais).
Dans l’AVC nous avons une autre étude qui va démarrer fin 2021 ou début 2022. C’est une étude qui va inclure 400 patients dans la thrombectomie, qui a été financée par une subvention française venant d’un programme de recherche hospitalo-universitaire.
Mi-2023 nous publierons une analyse intermédiaire de l’essai d’efficacité dans l’AVC. Et également une analyse intermédiaire dans la thrombectomie. Et puis le démarrage dans l’infarctus et dans la thrombectomie
- Quelle est la stratégie de création de valeur de la société, en terme de licence de produit et de partenariats ?
Gilles Avenard : Il n’y a pas eu de nouveau médicament dans l’AVC depuis pratiquement 20 ans. Il s’agit d’un besoin non-satisfait extrêmement important, le nombre de patients étant considérable (150 000 AVC par an en France, 4 millions dans le monde). Notre stratégie est clairement de trouver un partenaire pour l’Europe et pour les Etats-Unis pour nous aider à développer le produit, ou bien à le reprendre pour le développer par lui-même.
Nous avons déjà trouvé un partenaire en Chine, qui détient les droits pour les pays asiatiques à l’exception du Japon.
- Vous préparez votre Introduction en bourse. Quelles sont les modalités et le calendrier de l’opération, et que comptez-vous faire avec cette levée ?
Gilles Avenard : L’offre publique a commencé le 15 Octobre et elle se termine le 26 Octobre, dans une fourchette de prix comprise entre 7,12 € et 9,62 € par action ce qui donne une capitalisation boursière post IPO de 77 à 104 Millions d’euros.
L’objectif est de lever une vingtaine de millions d’euros. Cette levée, déjà souscrite à hauteur de 50% par nos actionnaires historiques, nous permettra de disposer d’une autonomie financière jusqu’à fin 2023. L’essentiel de cette levée est destiné au développement clinique dans l’AVC, mais également dans le transfert de technologie pour préparer la production à un niveau de commercialisation. Nous pourrons également démarrer l’étude dans l’embolie pulmonaire.
- Compléments d’informations sur cette introduction en bourse : site de la société