Les effets de la crise commencent à se faire ressentir, du moins aux Etats-Unis, avec des annonces de restructurations et des plans de licenciements dans le secteur Biotech…
- Un secteur sensible au risque
Un mauvais contexte boursier peut fragiliser le modèle de développement des Biotechs. Rappelons que ces sociétés interviennent dans des process de développement longs et coûteux, ce qui requiert des levées de fonds récurrentes pour poursuivre leurs travaux.
Ainsi, actuellement, certaines sociétés dont le cours a beaucoup chuté à cause de la crise en Ukraine, ne peuvent pas se refinancer dans de bonnes conditions. Elles choisissent donc parfois de prioriser certains programmes de développement. Voir même de procéder à des licenciements pour diminuer leurs frais de structures. C’est en tous cas un phénomène qui est apparu aux Etats-Unis.
- Des réorganisations et licenciements prévus aux Etats-Unis
Le média spécialisé Endpoints a récemment fait état de plusieurs plans de restructurations prévus chez plusieurs biotechs cotées :
Zymeworks (effectif total: 458 employés)
Spectrum Pharmaceuticals (effectif total: 176 employés)
Pacira Biosciences (effectif total: 697 employés)
Adagio Therapeutics (effectif total: 68 employés)
Plus récemment, des rumeurs de licenciements sont apparues chez la société Nektar Therapeutics (effectif total: 740 employés) après avoir subi un revers en Phase 3 pour son programme principal dans le traitement du mélanome.
- L’Europe encore peu impactée
Certaines sociétés basées en Europe et disposant d’effectifs aux États-Unis et cotées sur le Nasdaq commencent à être touchées, comme Orphazyme.
Le 10 Mars, Orphazyme a annoncé le licenciement programmé de 50% de ses effectifs. Orphazyme est une société danoise cotée au Nasdaq depuis Octobre 2020, spécialisée dans le traitement de maladies rares. A l’été 2021, la société a essuyé un refus d’AMM de la part de la FDA pour son produit principal arimoclomol ce qui l’a mise en difficulté. La société disposait d’un effectif de 180 employés, ce qui signifie que 90 personnes pourraient licenciées.
De son côté, la société anglaise Silence Therapeutics a publié une annonce de l’évolution des cadres dirigeants (C-Suite) avec un changement de PDG sans pour autant faire part de réorganisation.
Pour le moment, il semble donc que les Biotechs européennes résistent davantage. On constate pour autant une baisse des financements des Biotechs françaises avec 90 Millions d’euros levés en 2022 en 5 opérations soi une baisse de 20% par rapport à la moyenne de 2015-2021 à la même période (115 Millions d’euros au total en moyenne, en 7 opérations en depuis 2015). C’est aussi une forte chute par rapport aux montants levés en 2021 (150 Millions d’euros levés) et 2020 (320 Millions d’euros).
Espérons que les conditions de marchés s’améliorent pour favoriser les levées de fonds, et éviter des retards de développement ou des licenciements.