Pour sa campagne de développement en Asie, Celyad change son fusil d’épaule. Si le groupe brabançon garde le même partenaire, la société d’investissement hong-kongaise Medisun International (pilotée par Danny Wong, également patron d’un fonds local baptisé National Investments Fund Limited), leur co-entreprise qui était vouée à l’exécution de programmes cliniques pivots en Chine a pris fin récemment.
Celyad a décidé de prendre seul en main la préparation et la conduite des études ainsi que les dossiers règlementaires pour les territoires de la Grande Chine, incluant Hong Kong, Macao et Taiwan en sus de la République Populaire. Medisun se cantonne à un rôle de partenaire financier, en contrepartie des droits commerciaux de C-Cure pour les territoires concernés.
En juin 2014 lors de la conclusion de l’accord initial Medisun a investi 25 millions d’euros (à 44 euros par action) dans une augmentation de capital de Celyad, à l’époque appelé Cardio3 BioSciences. En principe, la holding d’investissement s’était engagée à acquérir au cours des huit mois suivant des titres supplémentaires jusqu’à un maximum de 25 millions d’euros, mais sa participation n’a en fait pas été augmentée depuis (8,07 % du capital avec 568.180 titres à la fin du dernier exercice). L’accord impliquait aussi la mise en place d’une joint-venture détenue à 40 % par la firme belge et à 60 % par Medisun (puis 30 / 70 après le démarrage des essais dans au moins trois territoires), Medisun s’engageant à supporter l’ensemble des coûts opérationnels de ladite co-entreprise à hauteur d’un montant minimum de 20 millions d’euros sur trois ans.
L’accord prévoyait cependant pour Cardio3 BioSciences la possibilité de mettre fin par consentement mutuel à la joint-venture faute de progrès suffisamment rapides sur les objectifs, notamment si un essai clinique n’avait pas effectivement débuté au 16 juin 2015 (enrôlement d’au moins un patient à cette date). De fait, aucun essai n’a encore démarré à ce jour.
Dans son dernier rapport semestriel, Celyad a donc annoncé avoir terminé, le 4 août 2015, le contrat de joint-venture signé en juin 2014 (techniquement ses parts dans la co-entreprise dénommée Cardio3 BioSciences Asia Ltd ont été vendues à Medisun pour 1 dollar), et avoir signé le 21 août suivant un nouvel accord de licence de distribution et de commercialisation. Selon les termes de cet accord, Celyad conduira le développement clinique de C-Cure en Chine, à Hong-Kong, Taiwan et Macau. Les coûts des essais resteront seront supportés par Medisun à hauteur de 20 millions. En échange de la licence, Celyad recevra des royalties comprises entre 10 et 30 % des ventes et une part des profits (calculés sur l’assiette des revenus totaux diminués des royalties) de 20 à 25 %.
Relevons par ailleurs que Medisun a annoncé en janvier dernier s’être rapproché de la Mayo Clinic, établissement d’où est justement originaire un pan essentiel de la technologie de régénération cellulaire employée pour mettre au point C-Cure et qui est également actionnaire de Celyad, en vue d’adresser à la Mayo des patients originaires de Chine. Rien n’indique toutefois qu’un accord dans ce sens ait bien été finalisé.
NOTRE AVIS : Dans le domaine des maladies cardiaques, c’est surtout sur le marché américain qu’est attendue la société. Les investisseurs attendent que la FDA autorise la levée de la suspension (« clinical hold ») de façon à ce que l’essai de phase 3 CHART-2 puisse débuter aux Etats-Unis. Celyad dit espérer pouvoir transmettre à l’agence une réponse complète pour la convaincre et déclare viser le recrutement du premier patient à la fin de 2015. Concernant le marché chinois, certes important à long terme mais qui n’est pas dans l’immédiat un enjeu aussi marqué, Celyad compte simplement ajouter des sites d’investigation asiatiques à CHART-2. Enfin pour ce qui est de CHART-1, l’essai de phase 3 effectivement en cours en Europe et en Israël, des données compètes sont attendues vers la mi-2016.