Le calendrier s’accélère pour la société Biophytis, qui développe un portefeuille avancé de traitements contre les maladies liées au vieillissement. L’entreprise, co-fondée par Stanislas Veillet et par le Prof. René Lafont pour valoriser le potentiel des molécules d’origine naturelle dans le traitement de pathologies chroniques liées à l’âge, propose à partir de lundi ses titres à la souscription en vue d’entrer sur Alternext Paris. La levée de fonds devrait se situer entre 15 et 20 millions d’euros. Les ordres seront reçus jusqu’au 7 juillet prochain.
Biophytis s’attaque d’abord à deux pathologies méconnues du grand public mais dont l’incidence s’accroît rapidement du fait du changement démographique et qui n’ont aucun traitement à ce jour :
- La forme sèche de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) qui constitue la forme la plus fréquente de DMLA puisqu’elle atteint 85 % des patients. Si la perte de vision n’est en général pas aussi importante que dans la forme humide, elle reste très gênante (le patient perçoit de plus en plus de taches dans son champ visuel central l’empêchant progressivement de percevoir les détails). Aujourd’hui seule la DMLA humide est traitée avec des médicaments anti-VEGF à l’image du Lucentis de Novartis – ce traitement, à base d’injections mensuelles dans l’oeil, coûte 12.000 euros à l’année, et représente 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
- L’obésité sarcopénique, un syndrome qui touche un nombre croissant d’individus âgés (10% des plus de 60 ans), en surpoids ou obèses. Il s’agit d’une fonte accentuée des muscles squelettiques masquée par l’accumulation de masses adipeuses au sein de ces derniers. Aux Etats-Unis, la proportion de sujets obèses sarcopéniques atteint à 31% de l’ensemble de la population des plus de 60 ans.Il en coûterait au moins 18,5 milliards de dollars pour le système de santé américain.
L’objectif de Biophytis est de proposer aux laboratoires pharmaceutiques, à partir de 2017, deux packages technologiques : MACULIA dans la DMLA et SARCOB dans la sarcopénie. Pour cela l’entreprise a développé une plateforme de recherche et développement de candidats médicaments dérivés de molécules actives naturelles.
Il faut savoir que les composés issus du métabolisme des plantes sont des molécules dont la diversité dépasse largement celle générée par synthèse dans les chimiothèques de petites molécules. Avec l’avantage que les métabolites des plantes sont issus (note du grammairien : métabolite est bien du genre masculin) des processus d’adaptation de celles-ci à leur environnement et de leur coévolution avec les espèces qui s’en nourrissent, dont l’homme : ces substances tirées des plantes sont naturellement bioactives. Le processus de développement de nouveaux médicaments fondé sur le criblage à haut débit de chimiothèques de synthèse à partir des années 1990 a paradoxalement conduit à une augmentation du taux d’échec de développement des médicaments candidats (effets secondaires, toxicité, manque d’efficacité… faute d’adaptation réelle à la complexité de l’organisme humain) et à l’explosion du ratio des charges de R&D pour chaque produit réellement enregistré.
Chaque package proposé aux laboratoires comprendra un candidat médicament de première génération (série 01) basé sur le développement de la molécule active naturelle, extraite de la plante, en tant que principe actif pharmaceutique, ainsi qu’un candidat médicament de seconde génération (série 03) basé cette fois sur le développement d’un composé synthétique ou hémi-synthétique analogue du principe actif naturel.
Pour mener de fronts les deux prochaines phase 2, prévues pour débuter en 2015, la société doit impérativement obtenir les fonds pour poursuivre son activité car elle arrive actuellement au bout de ses ressources financières, avec un solde de capitaux propres négatif. Fondée en 2006, Biophytis a depuis sa création levé un peu plus de 5 millions d’euros, dont 4 millions via des fonds d’investissement gérés par Seventure et le CM-CIC.
La société a reçu 3,5 millions d’euros d’engagements de souscription (par compensation de créance des bailleurs des fonds), mais il lui faut convaincre pour boucler ce financement. En milieu de fourchette, Biophytis aspire à lever environ 15,7 millions d’euros, montant pouvant être porté à 18 millions d’euros avec la clause d’extention et 19,9 millions en y ajoutant l’option de surallocation. Mais dans l’hypothèse pessimiste (limitation de l’offre à 75 % des titres envisagés et prix en bas de fourchette), l’opération pourrait être ramenée à 10 millions d’euros.
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