En dépit d’une augmentation significative des charges liées aux différents essais cliniques (+68 % de dépenses de R&D), la société lyonnaise Adocia a fait état au titre de 2015 d’un bénéfice net en normes IFRS de 12,55 millions d’euros, essentiellement grâce aux retombées financières du partenariat conclu avec Lilly fin 2014 sur BioChaperone Lispro. Une situation atypique dans l’univers des biotechnologies, surtout pour une entreprise créée il y a seulement dix ans. Adocia affiche par ailleurs une trésorerie nette de 72 millions d’euros, de quoi “travailler plusieurs années avec sérénité”, note le PDG Gérard Soula.
Comme annoncé quelques semaines auparavant, le chiffre d’affaires d’Adocia a atteint près de 37 millions d’euros en 2015 (comparé à 0,7 million d’euros en 2014), résultant principalement de l’accord de licence et de collaboration passé avec l’américain Eli Lilly soit 10,7 millions d’euros au titre de l’amortissement du paiement initial reçu en décembre 2014 à la signature du contrat, 9,2 millions d’euros de paiement d’étape pour BioChaperone Lispro U200 et 17 millions d’euros au titre de la prise en charge par Lilly des dépenses liées au projet. Le CIR représente l’essentiel du solde des revenus de l’année.
Face à ces produits, les charges opérationnelles ont augmenté à 47,8 millions d’euros, dont plus de 82 % dédiées à la recherche et au développement et notamment la conduite des différents essais cliniques. Les dépenses de personnel ont crû également, la société ayant franchi le seuil de 100 employés (dont 40 PhD) et fondé une filiale aux USA, « principal marché pour nos produits », souligne Gérard Soula. Cette filiale américaine Adocia Inc. compte un General Manager, Steve Daly, et un Chief Medical Officer, Dr Simon Bruce, tous deux passés par Amylin puis par Halozyme Pharmaceuticals, deux leaders du diabète.
“Tirant sa force de sa capacité d’innovation, Adocia est devenue une société mature dotée d’une organisation solide, capable de réaliser des projets qui peuvent avoir un impact très fort dans la vie des patients mais également soutenir le développement pérenne de notre société”, a expliqué Gérard Soula, interrogé par BiotechBourse. Le dirigeant a souligné combien un niveau de bénéfices de 12,6 millions d’euros constituait un comportement atypique dans le secteur. “Cette position financière ne résulte pas d’une approche frileuse puisque nous l’obtenons tout en investissant massivement dans la recherche et en salariant plus de 100 personnes. Je revendique un business model qui passe par une frugalité financière, permettant à Adocia d’afficher 72 millions d’euros en banque après avoir levé au total seulement 80 millions d’euros depuis la fondation en 2005, minimisant la dilution le plus possible”.
“Nous avons aujourd’hui la possibilité de travailler en toute sérénité, parce qu’on a les ressources financières, et en confiance, parce qu’on a les résultats scientifiques”, a enfin déclaré le dirigeant, qui fut précédemment fondateur de Flamel Technologies, une des premières biotechs françaises à s’introduire au Nasdaq.
Parmi les projets de l’entreprise cette année, Adocia a prévu d’intensifier le développement du BioChaperone Combo –un traitement qui pourrait intéresser des majors tels que Lilly ou Sanofi- et d’avancer le produit jusqu’à l’entrée en phase 3. Sur 2016, deux études cliniques sont prévues sur le premier semestre, une phase 1b/2a sur des patients diabétiques de type 2 sous insuline basale, dans le but d’évaluer la performance de BioChaperone Combo injecté une fois par jour à l’équilibre et une phase 1b/2a sur des patients diabétiques de type 2 dans le but de comparer l’effet de BioChaperone Combo et d’un prémix sur le contrôle glycémique après le repas.
Sur le projet HinsBet, une étude est également en préparation, une phase 1b/2a sur patients diabétiques de type 1 pour mesurer le contrôle de la glycémie au moment du repas. Le démarrage est prévu dans les prochaines semaines.
Pour le projet sur la cicatrisation de l’ulcère du pied diabétique, Adocia poursuit une stratégie duale. En Inde, les résultats de l’étude clinique de phase 3 en cours sont attendus mi-2016. En Europe et aux Etats-Unis, l’objectif est de préparer au cours du second semestre 2016 deux études cliniques de phase 3 avec un produit répondant aux normes européennes et américaines.
Le projet BioChaperone Lispro désormais financé par Lilly se poursuit évidemment mais désormais largement sous condition de confidentialité. Selon les indications données par Lilly en marge de la conférence JPMorgan Healthcare, la phase 3 pourrait toutefois débuter cette année.
Enfin, Adocia explore activement de nouvelles opportunités d’application de sa plateforme BioChaperone dans différents domaines thérapeutiques.
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